La Normandie est une région prisée pour ses paysages apaisants, son climat tempéré et ses infrastructures adaptées aux seniors. Elle compte près de 200 résidences services seniors et EHPAD, selon des données récentes du Ministère de la Santé et des Solidarités. Ces établissements offrent des solutions de logement et de services pour les personnes âgées cherchant à vivre dans un environnement sécurisé, mais souvent peu envisagent la gestion de certains comportements complexes, comme les addictions.
Néanmoins, ce cadre paisible peut être favorable au bien-être des résidents, notamment ceux ayant des troubles comportementaux ou des problématiques de santé mentale. Mais encore faut-il qu’ils puissent être acceptés et accompagnés correctement.
Contrairement aux idées reçues, les problèmes d’addiction, notamment à l’alcool, ne s’arrêtent pas avec l’âge. Bien au contraire. Une enquête conduite par l’Inserm en 2020 révèle que près de 5% des personnes âgées de plus de 65 ans en France présentent une consommation d’alcool à risque, ce qui inclut des consommations régulières ou excessives.
Les facteurs contribuant à l’alcoolisme chez les seniors sont multiples :
Malgré tout, ces problématiques restent taboues, et peu de résidences seniors sont réellement préparées à accueillir des personnes présentant ces troubles.
Les résidences seniors fonctionnent souvent comme des lieux de vie autonomes, mais encadrés par des services de surveillance et d’accompagnement. Cependant, concernant les comportements addictifs, les pratiques varient grandement d’un établissement à l’autre. En Normandie, certaines résidences ont mis en place des politiques spécifiques face à ces problématiques.
Certains établissements rejettent d’emblée les personnes présentant un problème d'alcool ou de drogue pour éviter les troubles que cela pourrait causer à la communauté. En revanche, d’autres optent pour une approche plus inclusive, en proposant un accompagnement médical et psychologique adapté au sein de la structure ou par l’intermédiaire de prestataires externes.
Cependant, cela dépend de plusieurs facteurs :
En Normandie, certaines résidences seniors travaillent en partenariat avec des structures spécialisées comme les Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA). Ces centres peuvent visiter les établissements pour mener des évaluations ou assurer un suivi thérapeutique régulier auprès des résidents concernés.
Cette approche, encore peu généralisée, permet de concilier un cadre de vie serein pour l’ensemble des résidents tout en répondant aux besoins des individus en situation d’addiction.
Pour limiter les comportements à risque, certaines résidences organisent des ateliers de prévention ou des conférences sur les dangers de l’alcoolisme chez les personnes âgées. Impliquer les résidents dans des activités sociales telles que le jardinage ou des cours de sport a également montré son efficacité pour réduire l’isolement, souvent à l’origine de ces dérives. Des initiatives similaires ont été mises en place avec succès dans plusieurs résidences en Normandie, notamment à Caen et Rouen.
L’accueil de personnes confrontées à des problématiques addictives pose plusieurs défis aux résidences seniors :
Ces obstacles montrent l’importance de réformer les pratiques et d’adopter une approche plus inclusive et professionnelle concernant la gestion de ces problématiques dans les résidences seniors.
Certaines résidences pilotes en Normandie expérimentent déjà de nouvelles approches pour intégrer et accompagner des seniors ayant des problèmes d’addiction. Par exemple, une résidence proche d’Évreux a récemment mis en place un programme innovant où les résidents ayant des antécédents d’alcoolisme participent à un suivi de groupe chaque semaine avec un intervenant en addictologie.
De telles initiatives pourraient se multiplier dans les années à venir, surtout en réponse aux évolutions démographiques et au besoin croissant d’accepter des profils “atypiques” dans les résidences séniors.
Pour répondre aux nouvelles réalités du vieillissement, les résidences seniors en Normandie doivent concilier tolérance, cadre de vie harmonieux et prise en charge des problématiques complexes telles que les addictions. Intégrer des solutions médicales, thérapeutiques et préventives semble indispensable pour garantir un quotidien équilibré et respectueux pour tous les résidents. Dans cette perspective, la Normandie, avec son réseau actif de structures de soins et sa dynamique d’innovation, pourrait devenir un modèle à suivre en matière d’accueil inclusif dans les résidences seniors. La véritable question qui se pose est : les mentalités et les moyens suivront-ils cette évolution ?